Kötõ s’insurge contre les méandres du clanisme
En poursuivant son mini-concert, Kötō impressionne l'assistance et impose naturellement son personnage avec fougue. Il est porté par ses mélodies fortes et ses sonorités mandinka. Avec assurance, il étale sa vision des choses, sans complexe ni crainte d'être privé de sa liberté par le pouvoir en place. Il croit fermement qu'un changement positif est possible sur cette terre bénie et riche en ressources naturelles. Cependant, il est nécessaire de prendre du recul et de mener des analyses approfondies. Il faut penser à nous plutôt qu'à soi. En effet, il est essentiel d'avoir une vision globale plutôt que personnelle.
―"Cependant, tout reste possible. Il paraît que reculer permet de
mieux sauter", dit Kötō, tout souriant mais avec un air de mécontentement
et de rage.
“Et il n'est jamais trop tard pour mieux faire, à condition d'avoir la
ferme volonté d'avancer, d'imiter les meilleurs sur le continent et surtout de
cesser de se tirer vers le bas avec des querelles puériles et égocentriques.”
a-t-il ajouté.
“Si l'on parle d'une chose où les Bolissoka excellent, c'est de tout
faire pour détruire les autres. La raison de cette haine viscérale est souvent
simplement le fait que cette personne, ignorante et médiocre, n'occupe pas un
poste de responsabilité, tout comme l'autre qu'elle déteste sans raison
valable.
C'est notre attitude déclinante qui nous maintient encore à notre
position inférieure sur l'échelle continentale. Notre attitude honteuse
consiste à tout avoir sans compétence ni expérience dans le domaine: Bref, que
ce soit nous ou personne d'autre ou autrement dit: "ôte-toi de là pour que
je m'y mette".
―"Ça s'appelle toucher le fond et tomber dans les méandres du
clanisme", ajouta la griotte, profitant d'une pause prolongée de son
maître. Elle dansait doucement, avec joie, et sa robe, aussi élégante que celle
d'une cantatrice, rendait ses gestes à la fois limpides et méticuleusement
exécutés.
Les trois chansons qui suivront ce discours improvisé sont entraînantes
et invitent naturellement le public à se déhancher et à agiter les bras. Mais
le griot, qui est une référence en matière de critiques envers les gouvernants
de son pays, ne tardera pas à rebrousser chemin pour enchaîner ses diatribes et
ses vérités qu'il aime tant exprimer.
―“À ce constat déplorable” dit Kötō, “s’ajoute le fait que nous sommes
malheureusement si enlisés dans les méandres du clanisme et du communautarisme
que nous ne pouvons-nous empêcher de les voir derrière chaque décision, qu'elle
soit bénéfique ou préjudiciable. Il est grand temps de sortir de ce schéma
restrictif pour favoriser une vision plus objective et globale.”
“Cependant, n'est-il pas effrayant de penser que l'on pourrait passer à
côté de sa vie simplement parce qu'on espère qu'elle soit extraordinaire,
comparable voire supérieure à celle des autres ? À méditer.” conclut-il sa
locution en souriant et en agitant sa main, la paume tournée vers le public,
signe de salutation, d'au revoir et surtout de considération mutuelle.
Parmi les morceaux joués ce soir, il y en a un qui a réussi à faire
lever l'assistance et a provoqué beaucoup plus de clameurs sur l'esplanade. Il
s'agit de "Nanfoulé" (viens me libérer), une vieille chanson
composée il y a plusieurs siècles et considérée à juste titre comme une ode à
l'amour, à la liberté et à l'aide aux personnes en danger.
Ce fut la fin de la soirée, sous la lueur des lunes et la fraîcheur des
forêts tropicales. Il était temps de rentrer chez soi et de s'endormir profondément,
joyeusement.
Waterloo, Wallonia, BELGIQUE 15-SEP-2023 @09:35 pm
#story
#lifestyle #fiction #societe #ambiance #daily #quotidien #bolisso #faracity #kötō
#nanfoulé